La conscience
Exercer chrétiennement sa conscience
Introduction
Le titre du dossier de cette année (Lettre des équipes Notre-Dame, 1997-1998) : « Exercer chrétiennement sa conscience » laisse entendre un certain nombre de présupposés.
Tout d’abord, il manifeste que les chrétiens n’ont pas le monopole de l’activité de la conscience. Tout homme a une conscience comme il a un cœur et des poumons.
Ensuite, le titre montre que la conscience appartient au domaine de l’action sinon extérieure du moins intérieure. En lui laissant le soin de jauger nos actes, nous lui donnons de s’exercer. L’expression populaire « la glace dans laquelle je me regarde tous les matins » insiste sur la relecture du passé. C’est souvent le premier rôle que nous lui attribuons. Cette autre expression qu’est « prendre une décision en son âme et conscience » manifeste le débat préalable à la décision dont la conscience est à la fois le témoin et le moteur. La conscience est ainsi ce lieu éminemment singulier et intime dans lequel l’expérience passée et la quête du bonheur s’articulent en vue d’une décision toujours risquée.
Enfin, exercer sa conscience peut s’entendre aussi au niveau de l’entraînement. De même qu’un athlète exerce son corps pour aboutir au geste parfait, voire réflexe tant il a été répété, de même l’être humain peut entraîner sa conscience pour lui permettre d’être plus affinée, plus efficace. Nous verrons que la foi chrétienne ajoute aux chemins ordinaires de l’éducation de la conscience l’écoute de la Parole de Dieu et de la Tradition de l’Eglise.
Tout ceci n’est pourtant pas suffisant. Comme on peut le lire, les expressions sus-citées sont encore très individuelles. Un certain nombre peuvent être entendues au niveau des groupes ou d’un pays. Ne parle-t-on pas de conscience nationale ou de la prise de conscience du problème écologique au niveau planétaire ? La conscience n’est pas qu’une affaire individuelle.
Chose nouvelle, la conscience est perçue par les démocraties modernes et par l’Eglise comme un domaine inviolable de la personne humaine et qui mérite à ce titre d’être protégée par des déclarations ou des constitutions. Ainsi, au lendemain de la seconde guerre mondiale qui a vu tant d’exactions, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 dans son numéro 18 affirme que : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ». Le concile Vatican II, quelques années plus tard, a pris la peine d’évoquer longuement la conscience et en particulier de la façon suivante : « La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre. » Gaudium et spes, N° 16.
Une distinction élémentaire est ici immédiatement nécessaire. Il est possible de parler de la conscience au niveau psychologique (avoir conscience de soi) et au niveau moral (avoir conscience de ce que l’on fait). Nous ne traiterons que de la conscience morale même si celle-ci présuppose une conscience psychologique1. Seuls celles et ceux qui disposent de cette faculté de se comprendre soi-même peuvent avoir une conscience morale.
Pour revenir à notre sujet principal, la conscience morale, comment allons-nous procéder pour mieux exercer notre conscience ? Les cinq numéros de l’année fourniront cinq étapes. Elles ne sont pas articulées par ordre d’importance.
Nous tâcherons de voir d’où vient la conscience, ce qu’en dit la Bible mais aussi les autres nations. La comparaison sera source d’enseignements.
Ensuite, nous nous demanderons en quoi sommes-nous obligés en conscience lorsque le Saint-Siège ou une conférence épiscopale publie un texte officiel. Cela supposera que nous apprenions à nous repérer parmi les nombreux documents qui nous parviennent.
Un troisième chapitre mettra en lumière les chemins traditionnels du discernement. Comment prend-on une décision en conscience ? Nous essaierons de distinguer ce qui relève de la décision et ce qui appartient à sa mise en œuvre qui suppose la vertu de la prudence.
Enfin, nous achèverons ce parcours en rappelant que notre conscience nous conduit à être responsables de notre conscience elle-même, de nos actes et du retentissement que ceux-ci peuvent avoir sur autrui.
Si la vérité est bien ce qui nous rend libre, alors l’acquisition d’une conscience plus affinée toujours en quête d’un sens plus vrai de la vie devrait pouvoir libérer bien des énergies dans la vie des familles.
I. Conscience : Que dit la Bible ?
La question mérite d’être posée à plus d’un titre. En effet, s’il y a un concept de conscience dans la Bible, il n’est pas propre à celle-ci. Cependant, on peut imaginer que la Bible lui réserve un traitement particulier, original par rapport à ce qui se pense dans le monde méditerranéen. Nous traiterons donc ce dossier en deux temps.
D’une part nous mènerons une trop rapide enquête sur l’arrière fond culturel du judéo-christianisme. D’autre part nous regarderons le dossier biblique proprement dit.
A. La conscience dans la sagesse des peuples.
A l’époque du début de l’ère chrétienne, Ovide (mort vers 18 ap. J.C.) parlait « du dieu en nous ». Quant à Sénèque, contraint au suicide par Néron en 65, qu’évoque-t-il lorsqu’il écrit dans sa Lettre à Lucilius : « Dieu près de toi, avec toi, en toi », ou encore « En nous habite un esprit saint, qui observe le bien et le mal ».
Les grecs, bien avant eux, avec les stoïciens ou encore avec Socrate avec son « daimon » intérieur, avaient une notion vive de cette aptitude intérieure à juger des choses.
On le voit, les anciens n’ont pas eu besoin de la révélation chrétienne pour comprendre qu’au fond de chaque homme demeurait une aptitude à discerner le bien, à écouter la voix des dieux mais distincte de celle-ci. Cette conscience morale, appelons-la ainsi pour le moment, est le propre de l’homme par opposition aux animaux. Elle est un des signes distinctifs de sa nature.
B. La conscience dans les Ecritures.
Puisque la connaissance de la réalité de la conscience morale existe dans les peuples anciens, il n’y a pas de raison que nous n’en retrouvions pas la trace dans la Bible. Le mot suneidèsis qui exprime la conscience au premier siècle de l’ère chrétienne dans le monde méditerranéen est un mot assez rare dans la Bible. Il n’apparaît que deux fois dans l’Ancien Testament dans des textes tardifs écrits directement en grec (Ecc 10, 20 et Sg 17, 10). Il apparaît zéro fois dans les Evangiles, vingt fois dans le corpus paulinien et dix fois dans le reste du Nouveau Testament.
1. L'Ancien Testament
Pour l’Ancien Testament, en fait il faut chercher les expressions et les lieux qui révèlent l’exercice d’une conscience même si le concept n’existe pas comme tel dans la langue hébraïque. Ainsi on peut constater que c’est le « cœur » qui est le siège des manifestations de la conscience. Lorsque le Roi David commit son deuxième grand péché en recensant le peuple, c’est-à-dire en comptant ses propres forces (et donc en oubliant que Dieu seul était son salut), il prend conscience de sa faute : « le cœur de David lui battit d'avoir recensé le peuple et David dit à Yahvé : "C'est un grand péché que j'ai commis! Maintenant, Yahvé, veuille pardonner cette faute à ton serviteur, car j'ai commis une grande folie." » (2 R 24, 10). Et pour citer dans un sens différent une autre parole de l’Ancien Testament qui révèle une expression de la conscience : « Enseigne-moi, Yahvé, tes voies, afin que je marche en ta vérité, unifie mon cœur qu’il craigne ton nom. » (Ps 85-86, 11).
Nous avons deux expressions qui ne disent pas la même chose du rôle de la conscience. La première manifeste, dans le même sens que les sages des nations alentours, cette aptitude de tout homme de saisir une distance entre ce que « la voix de Dieu » demande et ce qui a été réalisé par l’homme. La citation du psaume qui demande l’unification du cœur laisse entendre qu’il y a des choses à unifier, une tension intérieure qui n’est pas satisfaisante pour le psalmiste. Nous avons là, en germe, les deux grandes dimensions de la conscience morale qui vont habiter notre réflexion tout au long de cette année. Et si nous faisons « retour sur nous-mêmes » ne pouvons-nous déjà réentendre notre cœur qui a battu à l’une ou l’autre occasion de notre vie et goûter cette soif d’unité intérieure évoquée par le psalmiste ?
2. Le Nouveau Testament
Le Nouveau Testament a adopté le terme stoïcien « suneidèsis » très répandu à l’époque. Son usage s’avère cependant différent. En effet, ici, la conscience est constamment référée à l’appel que lance Dieu à chacun. Ainsi Paul, évoquant la peine qu’il a de voir ses frères israélites refuser l’Evangile, n’hésite pas à dire aux romains : « En Christ je dis la vérité, je ne mens pas, par l’Esprit Saint ma conscience m’en rend témoignage : j’ai au cœur une grande tristesse » (Rm 9, 1). On le comprend, la foi ne remplace pas la conscience morale, elle l’affine. C’est ainsi que le Christ lui-même nous invite à examiner si la qualité de « la lumière qui est en nous n’est pas ténèbres » (Lc 11, 35).
Cet appel du Christ à examiner notre conscience laisse entendre que celle-ci peut s’obscurcir ou s’éclairer. Autrement dit, elle n’est pas qu’une pure donnée de la nature mais bien objet d’éducation. Les parents qui élèvent leurs enfants savent bien qu’il est nécessaire de leur apprendre où se trouve le bien et le mal. En revanche que l’on soit capable de l’apprendre, cela, c’est le propre de l’homme.
L’appel du Christ quant à l’usage de notre conscience est très sensible lorsqu’il nous rappelle que nous ne sommes pas seuls sur terre, que notre conscience n’est pas qu’une affaire entre lui et nous mais que son exercice dépend aussi de la présence de nos frères les hommes avec lesquels nous vivons. Lorsque Jésus affirme : « Si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer. » (Mt 18, 6), il rappelle qu’il y a des attitudes ou des paroles (sur lesquelles il ne se prononce pas) qui peuvent faire chuter les faibles. La seule crainte de faire tomber quelqu’un doit rejaillir sur notre conscience.
Saint Paul l’a parfaitement compris lorsqu’il doit gérer le problème des viandes sacrifiées aux idoles. Dans la foi chrétienne toute nouvelle, « seul ce qui sort du cœur de l’homme est impur ». Manger de la viande dans les temples des idoles n’a pas de sens en soi. Elles n’ont pas de valeurs symboliques particulières pour le chrétien puisque les idoles ne sont rien. Or si un chrétien néophyte, issu de la judaïté par exemple, très sensible encore à tous ces problèmes n’a pas suffisamment intégré cette nouveauté, il risque d’être scandalisé par l’attitude des chrétiens plus adultes dans leur foi. C’est pourquoi Paul dit à ceux qui sont « forts » et qui mangeraient de ces viandes : « En péchant ainsi contre vos frères, en blessant leur conscience, qui est faible, c'est contre le Christ que vous péchez. C'est pourquoi, si un aliment doit causer la chute de mon frère, je me passerai de viande à tout jamais, afin de ne pas causer la chute de mon frère. » (1 Co 8, 12-13). Citation que commente Xavier Thévenot en affirmant que ce qui commande l’exercice de la liberté (de conscience), c’est la charité.
Conclusion
Au regard des philosophies de l’antiquité, on peut retenir que la foi juive puis chrétienne ont non seulement fait le constat de l’existence d’une conscience intérieure mais que désormais celle-ci se référait directement à la lumière par excellence : à Dieu. Par ailleurs, un homme habité d’une conscience éclairée, au nom même de cette lumière qui présente tout être humain sous l’éclairage nouveau de la résurrection du Christ, se doit désormais de se poser la question de l’impact de ses décisions sur ceux avec lesquels il vit. Tout ce qui est possible pour moi n’est peut-être pas bon pour la famille à laquelle j’appartiens, les enfants avec lesquels je vis, les collègues avec qui je travaille.
Pour reprendre un mot de B. Häring : « La conscience parfaite est celle que la foi éclaire et que la charité anime. »
II. La conscience et les textes magistériels
Dans le chapitre précédent, nous avons vu comment l’Ecriture pouvait affiner, voire aviver notre conscience. Des problèmes nouveaux et nombreux sont survenus tout au long de l’histoire de l’Eglise et auxquels il a fallu apporter des réponses appropriées. Les Ecritures n’ayant ni pour nature de donner un code de morale concrète ni la capacité d’envisager tous les cas concrets, l’Eglise s’est petit à petit dotée de textes qui manifestent sa réflexion pour rester fidèle à la Parole de Dieu révélée dans le Christ Jésus. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les textes du « Magistère » sur lesquels nous voulons réfléchir. Plus précisément comment accueillir ces textes ? Et pour affiner notre question, ces textes nous obligent-ils en conscience à l’obéissance ?
Pour y répondre, il faudra lever quelques ambiguïtés sur la notion de « Magistère » ; apprendre à nous repérer dans le foisonnement des textes « magistériels » et entendre ce que dit l’Eglise sur le rôle de la conscience dans la conduite de la vie.
A. Difficulté de la notion de « Magistère »
Il convient, en effet, de repérer combien le « magistère » est une réalité plurielle car souvent, elle renvoie à des réalités différentes qu’il vaut mieux éviter de confondre. La notion de « magistère » renvoie d’abord à celle du maître qui enseigne avec autorité. Or dans l’Eglise, il y a beaucoup de personnes qui enseignent avec « autorité » mais à des degrés divers. Ainsi parle-t-on du magistère du Pape, de celui des évêques ou encore des théologiens.
Au cours des siècles, nous rappelle J.M.R. Tillard cité par Xavier Thévenot, la notion de magistère a beaucoup évolué. Si à l’origine l’autorité faisant qu’on adhère à la vérité de foi, et qu’on se soumet à ses impératifs, est celle de cette vérité elle-même, portée par l’Eglise entière, on en arrivera à déplacer l’accent mis sur cette valeur objective de la vérité. L’autorité sera celle qui vient de la position de la personne ou du groupe de personnes qui enseigne la vérité, la rappelle, la « définit »2. C’est ainsi que de déplacement en déplacement on a abouti à une situation qui distingue l’Eglise enseignante de l’Eglise enseignée. Or selon le vieil adage, c’est l’Eglise tout entière qui est « Mater et Magistra », c’est-à-dire le peuple de Dieu dans son entier dans sa réflexion, sa vie quotidienne et sa vie liturgique et dont font partie, bien sûr, les successeurs des apôtres et parmi eux l’évêque de Rome.
En pratique, nous le savons, c’est l’ensemble des évêques en communion avec le Pape qui cumule l’autorité réglant tout le domaine de la fidélité de l’Eglise à la Parole. Mais s’ils ont une parole déterminante, bien souvent, avant de la prononcer, ils ont prié, lu, réfléchi en commission et consulté y compris auprès de laïcs fortement impliqués dans la société civile. C’est désormais à ce collège épiscopal uni autour du successeur de Pierre que l’on attribue communément l’expression « le Magistère ».
De plus, le Magistère, qui est en charge d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu demeure lui aussi soumis à la Parole de Dieu qu’il reçoit et écoute comme tout un chacun (Cf. Dei Verbum N°10.). Cette écoute de la Parole de Dieu dans l’Esprit-Saint implique aussi que le Magistère se rende attentif aux signes de l’Esprit qui agit actuellement dans le peuple de Dieu tout entier pour tenter d’en saisir le sensus fidei (le sens de la foi) car dit Vatican II, « l’ensemble des fidèles ne peut se tromper dans la foi et il manifeste cette qualité grâce au sens surnaturel de la foi qui est celui du peuple tout entier lorsque, « des évêques aux derniers des fidèles », il exprime son accord universel en matière de foi et de mœurs (Cf. Lumen Gentium N°12) ».
B. Les enseignements du Magistère sont-ils de même importance ?
Pour répondre à une telle question, il nous faut acquérir encore un certains nombre de repères pour ne pas se perdre parmi tous les textes publiés par le « Magistère ».
1. Repérer les divers niveaux d’autorité dans le Magistère
Chacun de nous, dans sa pratique quotidienne, n’accorde pas le même poids à la parole de son voisin de palier qu’à celle d’un expert réputé pour sa compétence et sa probité qui s’adresse à une heure de grande écoute sur les antennes nationales. La compétence du discours, la solennité du message, l’universalité du propos, sont autant de critères que nous mettons spontanément en œuvre avant d’accorder notre crédit à l’orateur.
Nous devons agir ainsi vis-à-vis des discours de l’Eglise. Il est très utile de savoir trier par degré d’autorité les textes que nous lisons. Ainsi pour prendre appui sur des publications récentes du Magistère, nous pouvons repérer divers textes à la disposition du grand public :
Les documents conciliaires jouissent de la plus haute autorité (Le Concile œcuménique de Vatican II).
Une lettre encyclique est une lettre qui a un haut niveau d’autorité. Les lettres encycliques comportent une forte dimension d’enseignement doctrinal (Humanae vitae et Veritatis splendor).
Les exhortations apostoliques (Familiaris consortio), d’une autorité un peu moindre, laissent transparaître une dimension plus pastorale en ce sens qu’elles reprennent et développent à titre « d’invitation pressante » les conclusions d’un synode. Cependant, cette distinction « doctrinale - pastorale » ne doit pas être durcie car il n’y a pas de pastorale qui ne repose sur une bonne et sainte doctrine ni de doctrine qui n’aie vocation à s’incarner dans une pratique pastorale.
Lorsque c’est la Congrégation pour la Doctrine et la Foi ou le Conseil Pontifical pour la Famille qui publient, parfois avec l’approbation explicite du Saint Père (Le don de la vie), le texte jouit d’une autorité moindre mais cependant pas anodine.
Pour s’y repérer et savoir hiérarchiser les textes en provenance du magistère on peut ainsi user de quatre critères simultanément : universalité des auteurs (Concile), universalité du propos (Catéchisme universel), autorité explicite reconnue au document (encyclique, …), universalité des destinataires (tous les hommes de bonnes volontés, tous les évêques, toutes les familles, …).
2. Tous ces textes sont-ils « infaillibles » ?
Qualifier un texte d’infaillible est en fait un abus de langage. En général on dit d’une doctrine qu’elle est « irréformable ». L’infaillibilité, c’est-à-dire le fait que l’on ne s’est pas trompé (ce qui ne veut pas dire que l’on ne peut pas améliorer) est un attribut de l’Eglise. Pour reprendre le N° 12 de Lumen Gentium, « La collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint ne peut se tromper dans la foi (…) lorsque des évêques jusqu’au dernier des laïcs elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel ». Les Conciles œcuméniques jouissent de cette infaillibilité lorsque tous les évêques sont rassemblés, unis autour du successeur de Pierre. Enfin, depuis le Concile Vatican I de 1870, le Pontife romain, parlant ex cathedra, en certaines circonstances bien précises, jouit de l’infaillibilité de l’Eglise pour enseigner sur la foi ou les mœurs une doctrine qui devrait être tenue par toute l’Eglise.
C’est pourquoi, les textes d’un Concile , du moins dans leur aspect doctrinal, comportent des définitions irréformables. Sinon, aucun des textes cités, pas même le Catéchisme de l’Eglise Catholique, ne jouit du contexte « d’infaillibilité ».
Mais il ne faut pas se méprendre. Ce serait une grave erreur de réduire à rien la valeur de ces textes sous prétextes qu’ils n’ont pas été déclarés « infaillibles ». Ce type de propos que l’on entend parfois ignore trop facilement qu’il y a des degrés dans l’autorité et que ces degrés sont nécessaires pour la vie humaine. Lorsque le Magistère use de ces degrés d’autorité, c’est le signe d’une haute conscience de sa propre responsabilité mais aussi des limites momentanées auxquelles il est confronté et donc de son humilité.
Les textes magistériels sont le signe de l’élaboration de règles qui ont vu le jour petit à petit et qui se sont affinées dans des dialogues parfois houleux. Il est possible qu’un certain nombre d’entre elles s’affinent encore. Par exemple, en 1992, la première version du Catéchisme de l’Eglise Catholique au N° 2266 n’excluait pas la possibilité en certains cas de la peine de mort. Une récente révision du Catéchisme affine l’expression en donnant les conditions concrètes de l’exercice de cette peine de mort. Or les conditions sont telles (extrême dangerosité pour la société d’une personne incarcérée) qu’elles rendent pratiquement impossible la réalisation concrète de la peine de mort.
Pour nous résumer, des textes comme les définitions d’un Concile œcuménique, les définitions sur un point de doctrine d’un Pape parlant « ex cathedra », et tout ce qui relève du magistère ordinaire et universel comme le Catéchisme Universel de l’Eglise Catholique sollicitent l’adhésion de foi des chrétiens. Les autres textes, relevant du magistère ordinaire, comme les encycliques, méritent « un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté » pour reprendre les termes de Lumen Gentium N°25. Il est plus grave d’être en désaccord sur ce qui sollicite l’adhésion de foi que sur ce qui mérite l’assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté.
3. La réception d’un texte
Peut-on, alors, juger de la valeur, de l’autorité d’un texte en fonction de sa réception ? Cette question soulève plus de problèmes qu’elle semble en résoudre.
Les régimes démocratiques nous ont habitués aux décisions à la majorité des votants. Or nous le savons, la « vérité » n’est pas l’objet d’un vote.
L’ère scientifique dans laquelle nous vivons nous a familiarisés avec les démonstrations et les expériences vérifiables. Or la foi, tout en relevant de l’expérience humaine, n’est pas objet de démonstration.
En réalité, « le terme de réception est un terme non pas sociologique, mais proprement théologique. Il dénote l’acceptation, produite par l’Esprit-Saint, de vérités concernant la foi et les mœurs. Recevoir de telles vérités implique que l’individu et les communautés ecclésiales acceptent de fournir un travail, parfois long et pénible, de compréhension, d’appropriation et même de conversion. Travail fourni en Eglise (sentire cum Ecclesia) dans un climat de prière, de recherche intellectuelle sérieuse et avec une attitude d’humilité. Juger de la réception d’un document magistériel est donc particulièrement difficile »3. Cette longue citation de X. Thévenot montre combien la notion de « réception » doit être utilisée avec prudence et discernement.
Il arrive cependant qu’ayant accompli sérieusement et durablement tous ces efforts d’écoute et de conversion, un membre, voire une partie plus ou moins importante de la communauté des croyants éprouvent quelques résistances à accueillir tel ou tel texte magistériel. Ces tensions peuvent alors engendrer chez les uns et les autres des difficultés.
C. Les enseignements du Magistère contraignent-ils les chrétiens à l’obéissance ?
1. Désaccord sur l’argumentation et vérité de fond
En cas de désaccord éventuel qui fait suite à une recherche intellectuelle et spirituelle sérieuse et approfondie, il faut encore vérifier l’objet même du désaccord. Ainsi, dans un même texte, il convient de hiérarchiser les niveaux de discours utilisés par l’instance magistérielle. Une chose sont les arguments qui amènent la définition doctrinale, une autre la doctrine elle-même. Le Cardinal Ratzinger s’exprimant sur « la vocation ecclésiale du théologien » n’hésite pas à affirmer : « C’est assurément une des tâches du théologien que d’interpréter correctement les textes du Magistère, et il dispose pour cela de règles herméneutiques4, où figure le principe selon lequel, grâce à l’assistance divine, l’enseignement du Magistère vaut par-delà l’argumentation, parfois empruntée à une théologie particulière qu’il utilise. »
Ainsi, il est de notoriété publique que l’usage du mot « nature » dans l’encyclique Humanae vitae a rendu difficile son accueil par un grand nombre de fidèles et même par des théologiens tant ce mot peut avoir de sens variés voire opposés. Cette difficulté invalide-t-elle pour autant l’ensemble doctrinal sur la régulation des naissances que représente l’encyclique ? Sans doute pas. En revanche, elle provoque le Magistère, les théologiens et l’ensemble du peuple de Dieu à affiner le discours qui sous-tend cette doctrine dont la pointe se repère depuis les origines de la tradition chrétienne jusqu’à aujourd’hui.
2. Malgré tout, le désaccord peut demeurer.
Il est possible, en effet, qu’après tous les efforts les plus sérieux qui soient, de meurent au fond de nous comme une résistance radicale à accueillir tel élément de la doctrine présentée par le Magistère. C’est ce qui relève traditionnellement du cas de « la conscience erronée. » Pour l’évoquer avec justesse, il nous faudra entendre en profondeur ce que dit le Magistère lui-même à propos de la conscience. Nous verrons alors en quelles circonstances il est moralement possible et obligatoire de suivre sa conscience plutôt que d’obéir au Magistère contre sa conscience. Mais décider en faveur de cette attitude ne peut se faire à la légère. Il nous faut donc regarder de près la façon dont un désaccord peut se vivre avec dignité.
3. Le texte de Vatican II : la conscience droite.
La citation intégrale que nous proposons du N°16 de Gaudium et Spes est indispensable pour que comprenions l’enjeu de ce chapitre5.
§ 1. Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela » ; Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir, et c’est- elle qui le jugera.
§ 2. La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre.
§ 3. C’est d’une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s’accomplit dans l’amour de Dieu et du prochain.
§ 4. Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale. Plus la conscience droite l’emporte, plus les personnes et les groupes s’éloignent d’une décision aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité.
§ 5. Toutefois, il arrive souvent que la conscience s’égare, par suite d’une ignorance invincible, sans perdre pour autant sa dignité.
§ 6. Ce que l’on ne peut dire lorsque l’homme se soucie peu de rechercher le vrai et le bien et lorsque l’habitude du péché rend peu à peu sa conscience presque aveugle.
Pour commenter ce très beau texte, souvenons-nous tout d’abord qu’il jouit de toute l’autorité du Concile Vatican II. Or les Pères du Concile nous rappelle au § 1 que nous sommes tenus d’obéir à une loi intérieure qui veut que nous accomplissions le bien et évitions le mal. Cette loi est inscrite au cœur de la conscience de tout être humain. Cette loi inscrite au fond des cœurs ne dit pas quel est le bien et quel est le mal mais elle invite à choisir le bien. L’amour du bien n’est pas optionnel, il est constitutif de notre humanité.
Il faut donc se demander qui m’informe sur ce bien qu’il me faut aimer et ce mal que je dois éviter ? Cette connaissance nous est transmise par ceux qui nous éduquent : notre famille, la société, les membres de l’Eglise. En général, l’éducation se passe plutôt correctement. Il se peut cependant que dans leurs imperfections, leur limites, leurs péchés parfois, ces éducateurs nous aient présentés comme bien des réalités qui relèvent objectivement du mal (par exemple : le vol dans une famille de voleurs). Cependant, pour l’enfant éduqué cette réalité objectivement mauvaise est vécue subjectivement comme un bien. Notre devoir, dit le Concile, est d’obéir à ce que la conscience croit être bien et d’éviter ce qu’elle croit être mal. Mais ceci n’est que la première marche d’un édifice qu’il nous faut gravir tout entier si nous voulons être droit avec notre conscience.
Le § 2 insiste avec une force considérable, en assimilant la conscience à un sanctuaire inviolable, sur la dignité de la conscience de l’homme. Mais plus encore, ce paragraphe laisse entendre qu’en définitive personne ne peut dire de quelqu’un qu’il a désobéi à sa conscience ou qu’il l’a suivie. Il n’y a que la personne elle-même qui puisse estimer avoir été au bout de sa conscience. J’insiste sur la modestie du verbe « estimer » car bien souvent nous prenons nos décisions dans des situations où nous ne maîtrisons pas toutes les données, où nous ne voyons pas toujours très clair. Enfin, si le Concile réclame pour la conscience le statut de sanctuaire et d’inviolabilité par un acte extérieur, les Pères ne disent pas pour autant qu’elle est toute puissante, autarcique. Toute la suite du texte nous montre au contraire que la conscience perçoit comme un devoir de se rendre elle-même vulnérable à tout ce qui peut contribuer à discerner, à choisir le bien et éviter le mal.
Le §3 montre que la conscience reçoit cette loi qui « se découvre à elle ». Cela montre à quel point notre conscience est accueil et quête du bien à suivre. On touche ici à la dimension spirituelle de notre être créé. L’expérience d’une conscience qui cherche droitement la vérité relève de l’accomplissement de soi-même, de l’unification intérieure. C’est pourquoi écouter au plus profond et en vérité sa conscience est un authentique chemin pour avancer vers le Royaume de Dieu. C’est admirable.
Le §4 nous présente ce que peut être une conscience droite. Il faut tout d’abord la distinguer d’une « bonne conscience ». La « bonne conscience » est souvent utilisée dans le discours ordinaire. Son usage laisse entendre un vague retour sur soi où l’on ne fait pas trop attention aux détails des actes posés. Bien au contraire, la conscience droite ne se contente pas d’un retour sur soi mais s’ouvre fondamentalement à tout ce qui peut lui permettre d’affiner sa quête d’unité intérieure : la connaissance du vrai bien. De plus elle est attentive à la totalité et aux détails de ce qu’elle envisage. Cela suppose une écoute des autres hommes qui cherchent, eux aussi, le chemin du bonheur. Tout ce paragraphe repose sur le fait que ce goût pour le bien est le signe du Dieu qui nous a fait à son image. Plus j’écoute cette conscience, plus je m’approche du véritable bien qu’est Dieu (même sans pouvoir le nommer) et plus « je me conforme aux normes objectives de la moralité ». Comme le dit St Thomas d’Aquin, la divine Providence ayant créé l’homme à son image l’a constitué « providence pour lui-même et pour les autres » mais il lui a laissé la règle intérieure de sa conscience pour le chercher et l’accueillir. Au fond, avoir une conscience droite, c’est être droit avec sa conscience.
4. La conscience erronée.
Les § 5-6 nous présente deux types de conscience erronée. Une seule est digne : celle qui s’égare à la suite d’une ignorance invincible. L’ignorance invincible est celle d’une personne qui, ayant mis en œuvre tout ce qui était à sa portée pour chercher la vérité (prière, lectures, discussions, …), n’est pas parvenue à comprendre le pourquoi de telle attitude morale proposée par l’Eglise. Tout en gardant son « radar » en veille au cas où une perception plus grande passerait à sa portée, il relève du devoir de chacun d’obéir en définitive à sa conscience. St Thomas d’Aquin fera même obligation d’obéir à sa conscience sous peine de péché. Car notre devoir est bien d’aller là où notre conscience a vu où se trouvait le bien. Un vieil adage de la scolastique nous rappelle, en effet, qu’il n’est jamais permis de choisir délibérément ce que nous croyons en conscience être le mal .
Le §6, quant à lui, évoque lui aussi la réalité de l’ignorance, mais il s’agit d’une ignorance fruit d’une conscience paresseuse. Les efforts possibles n’ont pas été accomplis. La personne s’est enfermée dans un certain nombre de certitudes plus ou moins confortables et elle a éteint son radar. La situation est particulièrement grave. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique n’hésite pas alors à affirmer que « l’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur ne diminuent pas, mais augmentent le caractère du péché ». (N° 1859).
5. Conclusion : Obéir droitement à notre conscience, c’est honorer le Créateur.
On l’aura compris, il ne faut pas avoir peur de sa conscience. Il en va du respect de nous-mêmes comme créature faite à l’image de Dieu. Les chrétiens ne sont pas de ceux qui attendent chaque matin un « prêt-à-penser » qui les dispenserait de prendre et d’assumer leurs propres décisions. En revanche nous sommes heureux d’appartenir à cette Eglise qui sans se lasser cherche le sens de la vie à la lumière de la Parole de Dieu. C’est pourquoi écouter ce que dit l’Eglise à travers son Magistère, enrichir et élargir son point de vue, le confronter à d’autres, au tout Autre, c’est donner les moyens à la vérité de se découvrir et d’être connue.
Enfin, pour nous les chrétiens, si nous demeurons ultimement en désaccord avec le Magistère (ce qui n’est pas un état ordinaire et souhaitable), nous sommes invités à obéir à notre conscience, mais il nous faut dans le même mouvement demeurer, dans l’humilité, ouverts aux appels de l’Eglise. Qui peut garantir, en effet, qu’une personne, voire un groupe de théologiens, puisse avoir absolument raison contre le Magistère ? « Homme, le Seigneur t’a fait connaître ce qui est bien, ce qu’il réclame de toi : rien d’autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec ton Dieu »6.
III. Discerner ou se décider en conscience
Nous avons vu dans le chapitre précédent que la conscience droite est d’abord ce goût et cette soif du bien toujours en quête d’une perception et d’une connaissance plus universelle de ce bien. Ensuite, elle est une loi intérieure qui me convoque à faire ce que je crois être bien et à éviter ce que je crois être mal. Enfin, elle est une instance de jugement entre ce qui est perçu comme le bien à faire et ce qui a été effectivement réalisé.
Notre conscience est aussi appelée à s’exercer, et si possible chrétiennement, lorsqu’elle se trouve affrontée à une situation inattendue. Ainsi lorsque nous rencontrons des personnes qui ont fait d’autres choix de vie que le nôtre : un concubinage plutôt qu’un mariage, … ; ou que nous sommes agressés par des modes de vie incompatible avec le nôtre : pratique raciste sur le lieu du travail, … ; enfin lorsque tel ou tel nous appelle à une responsabilité que nous n’avions pas envisagée pour nous-mêmes, tel service dans une communauté, telle nouvelle mission confiée par l’évêque, … . Dans tous ces cas, une situation nouvelle met en crise notre perception du monde, notre inscription dans ce monde qui est le nôtre et dans lequel nous avions réussi plus ou moins facilement à faire notre trou, à trouver notre rythme.
« La crise, au sens du grec krisis, est le « moment décisif », exactement au sens où le moment critique » (le « moment » de la balance) est justement le plus petit commencement de mouvement (momentum, movimentum) qui suffit à faire pencher le fléau d’un côté plutôt que de l’autre. »7 La krisis, c’est encore l’action de juger, d’apprécier ou encore le résultat de cette action à savoir l’arrêt de justice.
Voilà qu’il va falloir faire appel à notre capacité de jugement, à notre conscience pour nous repositionner dans ce monde qui bouge sans nous en demander la permission. Nous sommes alors convoqués au discernement qui renvoie finalement à la question : Que dois-je faire ? Quelle est la volonté de Dieu ?
A. Petite grammaire anthropologique
Nous savons que Dieu parle au travers des médiations qu’il a lui-même données aux hommes : La création, la sagesse des hommes, l’Eglise, la Parole de Dieu, … Ses appels rejoignent des personnes concrètes marquées nécessairement par des caractères, des psychologies variées. Il importe alors de ne pas confondre un appel de Dieu avec un désir qui vient de soi ; de ne pas renoncer à écouter tout appel sous prétexte que l’on n’a pas confiance en soi. Nous avons besoin pour cela d’une petite grammaire anthropologique.
1. Volonté de Dieu et illusions de l’imaginaire
Nous pouvons faire attention au désir de toute puissance qui habite chacun. Réentendre l’Ecriture peut aider à dégonfler certains imaginaires trop enclins à confondre goût du pouvoir et service de la communauté : « Nous ne sommes que de simples serviteurs »8.
Attention aussi au mépris de soi-même qui consiste à se dénigrer et à se complaire dans une attitude de médiocrité. Ici aussi l’Ecriture peut encourager celui qui doute de lui-même : « Ne dis pas "Je suis un enfant" » dis Dieu à Jérémie.
2. Articuler les vertus
Les deux pièges évoqués ci-dessus relèvent un peu de la caricature. Ils sont en fait le reflet de vertus absolutisées : l’orgueil au dépend de l’estime de soi, le mépris de soi en guise d’humilité. Pour éviter de tomber dans ces pièges, il est prudent d’articuler les vertus entre elles afin de compenser leurs excès. Ici, il est préférable de vivre humblement l’estime de soi, là il sera bon d’être courageusement prudent pour éviter de tomber dans la lâcheté ou la témérité.
3. Repérer les niveaux de conscience.
Il s’agit de ne pas confondre le niveau psychologique, le niveau moral et le niveau spirituel qui structurent toute personne humaine. Lorsque les trois niveaux sont confondus, comment comprendre ce qui nous habite, comment interpréter un désir d’être responsable, quelle instance prend en charge la décision ? Parvenir à distinguer au fond de soi ces trois dimensions ne peut qu’être le fruit d’un long travail de discernement intérieur. Une conscience affinée peut percevoir la tension qui existe au fond d’elle-même, se tourner vers la profondeur de sa profondeur et dire à Dieu : « Unifie mon cœur, qu’il craigne ton nom » (Ps 85).
Pour prendre les trois niveaux ensemble, quelqu’un de psychologiquement blessé par des échecs successifs peut, par droiture morale, faire part de ses réserves à ceux qui veulent lui confier une responsabilité et finalement par confiance en Dieu qui l’appelle dans la communauté et assuré du soutien de ses frères accepter la charge proposée.
B. Mise en œuvre d’une grille de lecture de discernement
Il est impossible d’avoir une grille de discernement universelle. Discerner pour un choix de vie définitif comme un mariage ou une vie religieuse n’est pas du même ordre que le discernement à faire lorsqu’on nous appelle à prendre une responsabilité de secteur dans les E.N.D. pour trois ans. Il y a des éléments communs mais la méthode s’adapte à l’objet. L’investissement se fait en proportion des enjeux.
J’ai choisi de présenter une grille de lecture pour le deuxième cas de figure : Comment réfléchir face à un appel qui nous est lancé à prendre une responsabilité pour une durée déterminée dans l’Eglise, en Eglise ? Quatre étapes et une cinquième sont nécessaires.
1. Avant la décision
L’attitude fondamentale consiste à ne pas laisser la situation gouverner nos choix. Cependant, on ne peut pas ignorer la réalité. Qui s’y risquerait s’y cognerait plus durement encore. C’est pourquoi un discernement se fait toujours EN situation.
Consulter ceux qui ont répondu au même appel et recueillir leur expérience. Que dit l’Eglise ? Relire à l’occasion l’exhortation apostolique de Jean-Paul II « les fidèles laïcs » publiée en 1989. Mais se rappeler aussi un autre critère ecclésial : jamais le bien commun ne peut se bâtir contre un bien particulier, comme celui de la famille. Prier de manière ouverte. C’est-à-dire ne pas exiger de Dieu qu’il nous appelle à un chemin plutôt qu’un autre et ne pas le contraindre à un mode de « communication » avec nous plutôt qu’à un autre (une parole de la Bible qui nous toucherait, un signe extérieur, …). Où va le goût intérieur ? Ne surtout pas nier mais reconnaître les sentiments qui ont surgi à l’occasion de l’appel qui a été lancé. Goût ? Crainte ? Ne pas ignorer le prix à payer (financier, intellectuel, spirituel, disponibilité à la vie de famille, non renouvellement d’autres engagements, …). User des moyens raisonnables autant que faire se peut. Faire la liste des avantages et inconvénients que l’on verrait à accepter ou à refuser l’appel qui nous est fait. Puis comparer avec toute son intelligence. Lorsqu’une décision concerne le couple ou un groupe de personnes, que toutes les personnes aient une voix dans le processus de décision. Ne jamais faire jouer un seul critère. Il s’agit plutôt de repérer le principal faisceau d’indices qui tire dans la même direction.
2. Prendre la décision
Il importe de pouvoir décider nous-mêmes et de ne pas, si possible, laisser la vie décider à notre place. Le chemin à parcourir se fera avec d’autant plus de courage et de détermination que la décision sera nôtre. Il est utile, enfin de savoir pourquoi telle décision est prise et quels fruits on en attend et éventuellement de l’écrire.
La décision se prend dans le calme et devrait nous laisser en paix. Une bonne décision est celle qui contribue à notre unité intérieure quitte à intégrer un certain nombre de tensions qui ont été jugées indépassables.
3. Exécuter la décision
C’est alors que l’on peut se jeter résolument dans l’action. Il est prudent de ne pas remettre en cause une décision mûrement réfléchie lors des difficultés – par ailleurs probables – qui surviendront.
4.Vérifier les fruits attendus.
Cela fait partie intégrante du processus de discernement. D’une part il est nécessaire de faire le bilan des actions entreprise pour pouvoir en répondre envers soi-même et envers ceux qui nous ont appelé. D’autre part parce que la relecture nourrit en retour notre conscience et affine notre aptitude au discernement.
Les chrétiens disposent d’une tradition de relecture importante dans les mouvements d’action catholique ou de spiritualité. Ne l’oublions pas.
5. … et recommencer.
Lorsqu’un mandat est à durée déterminée, il peut être renouvelable. Auquel cas il faut recommencer le processus, fort de l’expérience acquise. Le danger serait de croire que l’expérience nous dispense d’une étape. En revanche elle peut nous aider à établir d’autres critères que l’on trouvera, pour l’occasion, plus pertinents.
C. Et en cas d’urgence ?
C’est rarement le cas mais il arrive que nous soyons plongés dans une situation qui exige de notre part une décision très rapide où les temps de la réflexion, de la consultation et de la prière nous soient inaccessibles. Dans ces cas-là, nous discernons, nous décidons en fonction de notre « goût pour le bien ». Et ne croyons pas qu’il est sans valeur. En effet, si nous avons pratiqué dans notre vie quotidienne ce travail de discernement, nous avons acquis un certain habitus, un certain « flair » qui, sans être infaillible, demeure souvent dans une première approche assez fiable.
Reste qu’il vaut mieux, quand on peut, faire perdre aux situations d’urgence leur caractère d’urgence.
D. Et si je m’aperçois que je me suis trompé ?
Que signifie « se tromper » ? Etre déçu ? Le travail est moins gratifiant qu’on ne le pensait ? La réalité est autre qu’on ne l’avait imaginée ? Avait-on alors sous estimé tel ou tel aspect des critères utilisés ? Décidé dans la crainte de décevoir le regard des autres ou du conjoint, mais sans le dire ? (…)
Il importe tout d’abord de ne jamais oublier que Dieu nous rejoint toujours là où nous sommes même si ce n’est pas là où il nous attendait car ailleurs nous n’y sommes pas. Il ne s’agit pas en revanche de faire exprès de s’éloigner de cette volonté. En effet, il n’est jamais permis de faire volontairement ce que l’on croit être mal.
Ensuite, il est peu probable que le discernement, s’il a eu lieu, quoique imparfait, ait été totalement nul. Il est sans doute possible de poursuivre l’engagement moyennant quelques aménagements. La persévérance au cœur des vicissitudes de notre condition dans la fidélité à une promesse à une parole donnée construisent notre humanité plus qu’on ne l’imagine. Mais en définitive, « à l’impossible, nul n’est tenu ».
Enfin, la relecture de cette page d’histoire à propos de notre jugement sur nous-mêmes et nos aptitudes, voire nos échecs, enrichira certainement notre conscience.
E. Conclusion
Le travail sur le discernement n’a pu se faire sans l’acquisition d’une petite grammaire anthropologique sur l’intériorité de l’homme ni sans l’usage d’une méthode avec des étapes bien précises. En général, les chrétiens vivent spontanément la plupart des étapes ci-dessus évoquées parce qu’ils pratiquent leur foi, prient, agissent, discutent avec d’autres… Repérons néanmoins au terme de cette petite étude que la conscience oblige à affiner un discernement et que le discernement nourrit en retour la « base de données » de la conscience.
« Lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir… » Lc 14, 28.
IV. Conscience et responsabilité.
Les quatre premiers numéros du dossier ont permis de voir en profondeur ce qu’il en était de la conscience morale et plus particulièrement au niveau individuel. En la mettant en regard de la responsabilité, nous verrons que son rôle s’élargit encore.
La notion de responsabilité laisse entendre qu’il est possible de répondre de ses actes devant soi-même, devant autrui et devant Dieu. Cela suppose qu’il existe en chacun une part de liberté qui n’est jamais totalement renversée par les nombreux déterminismes de la vie : éducation, société, psychologie, hormones, …
Par ailleurs si toute personne normalement constituée est considérée comme responsable, alors la question des sanctions arrive bien vite dans le sillage de cette grande dimension anthropologique. Il faut entendre « sanction » comme on le comprend à propos d’un examen qui est sanctionné par une évaluation, une note, bonne ou mauvaise.
A. Responsable de soi
1. La culpabilité
Notre responsabilité est sanctionnée à plusieurs niveaux : psychologique, morale et spirituelle. Les frontières ne sont pas étanches entre ces trois dimensions qui structurent tout être humain. Elles sont comme les registres d’un orgue sur lesquels nous jouons simultanément. Rappelons rapidement que lorsque nous manquons à notre responsabilité, la sanction s’éprouve en culpabilité au niveau psychologique, en faute au niveau moral, en péché au niveau de la foi. En revanche, lorsque nous avons été à la hauteur de notre responsabilité c’est respectivement en termes d’estime de soi, d’éloge ou de sainteté que s’exprime cette sanction.
La culpabilité est un sentiment à manier avec prudence. Après les événements de mai 1968, il y a eu une grande vague de « déculpabilisation ». Il ne fallait être culpabilisé en rien. Or le sentiment culpabilité est une dimension fondamentale de notre vie psychologique. Elle permet, tel un système d’alerte, de nous rappeler que nous nous éloignons de ce que nous croyons faire le sens de notre vie : tolérance, respect de la vérité, honnêteté dans les affaires, vie de prière, … C’est notre conscience qui tire la sonnette d’alarme et qui nous rappelle que nous n’accomplissons plus le bien que nous devions faire et commençons à faire le mal que nous ne devrions pas faire. Lorsque la culpabilité nous provoque à réajuster notre vie, elle est une bonne chose.
Il y a par contre des culpabilités mauvaises, morbides, qui sans cesse renvoient la personne à ses échecs et l’enferment dans une vie mortifère. Les psychologues, mais aussi la Parole de Dieu peuvent alors rappeler que personne n’est réductible à son passé. Si les autres, et plus encore Dieu lui-même espère en nous, comment ne pas essayer d’espérer aussi. Pire encore serait de ne jamais éprouver de culpabilité en quoique ce soit.
Pour ne pas en rester à la culpabilité, il convient de faire jouer l’humour et l’humilité. L’humour qui évite que l’on ne se prenne trop au sérieux dans la « construction » de sa vie et qui aide à franchir les échecs dus à ses faiblesses. L’humilité, qui nous conduit à demeurer fidèlement dans cette tâche d’humanisation qui est la nôtre et à reprendre patiemment l’ouvrage de notre vie. Humilité toujours pour éviter qu’en cas de réussite personnelle, l’estime de soi (juste et légitime) ne se pervertisse pas en orgueil.
2. La faute.
La conscience d’une faute nous oblige à assumer notre responsabilité non seulement devant nous-mêmes mais aussi devant les autres qui ont peut-être été victimes de notre irresponsabilité (ici comprise comme une faute volontaire et que je distingue de l’erreur involontaire). La sanction s’exprime alors avec une peine qui peut prendre quand c’est possible la forme d’une réparation ou d’un dédommagement.
En revanche si notre responsabilité a été assumée avec sollicitude envers autrui, c’est l’éloge qui sanctionne la qualité morale de la personne. Il reste que la modestie aidera celle-ci à ne pas tomber dans la vanité et à continuer à faire effort pour se tenir comme un homme au milieu des hommes.
3. Le péché.
Le croyant assume aussi sa responsabilité d’homme ou de femme devant Dieu. Lorsqu’il s’est écarté du chemin et qu’il s’en aperçoit à la lumière de la Parole de Dieu, il peut confesser sa faute comme un péché, péché que Dieu révèle au pécheur en même temps qu’il en propose le pardon. Car Dieu ne veut jamais la mort du pécheur.
Lorsque le croyant vit de progrès en progrès, plus saintement pour ainsi dire, alors la sanction se traduit souvent par le goût d’une joie profonde qu’il aura garde d’attribuer à ses propres mérites. La mémoire de ses péchés pardonnés et la foi en Dieu qui l’a conduit jusque là l’aideront à se tenir fidèlement dans la prière de demandes et de louanges pour lui-même et pour ses frères.
B. Responsable de ses frères
1. La paix autour de soi.
« Suis-je le gardien de mon frère ? » répondait Caïn à Dieu qui s’informait de son frère Abel. Certainement, du moins dans une certaine mesure. Les Ecritures et les Evangiles nous invitent à la correction fraternelle. Jésus lui-même a fait effort de rappeler aux uns et aux autres qu’il y avait des chemins de béatitudes et des chemins de malheur. Mais il ne porte pas la responsabilité des choix des uns et des autres.
Même si ce n’est pas très agréable, n’est-ce pas une chance, lorsqu’on nous rappelle que nous sommes sur une voie de perdition ? Pour être fructueuse, la correction fraternelle doit s’entourer de beaucoup de délicatesse et de tact. C’est une grâce pour des parents de savoir trouver le moment opportun et le ton juste pour « reprendre » leurs enfants et assumer leur responsabilité d’éducateur. Que de patience et d’humilité entre époux pour se demander pardon, pour se corriger l’un l’autre. Il faut parfois attendre longtemps l’instant favorable sur un lieu de travail pour qu’une parole puisse être entendue pas seulement comme un reproche mais surtout comme un appel à une vie meilleure.
Comme pour St Paul renonçant à manger de la viande sacrifiée aux idoles par respect de la faiblesse de ses frères (voire le N° 123), bien souvent les éducateurs font effort pour rester en deçà de ce qui leur est effectivement possible de vivre au niveau personnel. Lorsque l’on a une conscience élevé de ses responsabilités, on est toujours « otage » du faible.
2. Responsabilité de la paix du monde et respect des consciences.
Nous passons ici à une perception de la vie sociale plus vaste. Le sens des responsabilités nous invite aussi à réfléchir la conséquence de nos actes individuels au niveau national et international.
Eric Weil a bâti toute une partie de sa réflexion philosophique sur le constat que la morale dans les sociétés est au service de la lutte contre la violence qui peut surgir à l’occasion de la rencontre des différences entre cultures, religions, manière de gérer les biens de cette terre, … Mais, constate-t-il, la violence elle-même peut se mettre au service de la liberté lorsqu’une société instrumentalise l’homme au point de lui dénier tout droit à une réflexion personnelle, à une conscience personnelle.
Le versant positif de cette réflexion peut se lire chez Jean-Paul II, qui, dans une allocution donnée à l’occasion du 1° janvier 1991 pour la journée de la paix, rappelait l’extrême importance du respect de la conscience d’autrui pour la construction de la paix entre les hommes. Il en va de la responsabilité des hommes politiques que de promouvoir la paix. Celle-ci passe nécessairement par le respect de ce sanctuaire inviolable tant pour ce qui concerne les convictions religieuses que les opinions politiques. « Il faut reconnaître et garantir le droit inaliénable de suivre sa conscience ainsi que de professer et de pratiquer sa foi, seul ou en communauté, toujours à condition que les exigences de l’ordre public ne soient pas violées ». Et donc, pour reprendre le titre de son allocution : « Si tu veux la paix, respecte la conscience de tout homme. »
C. Responsable du monde dans lequel je vis
Depuis un demi-siècle se fait jour une autre dimension de la responsabilité humaine. Elle vient avec la prise de conscience que l’homme peut mettre en danger son milieu de vie, la terre. Les armes nucléaires, les pollutions de tous ordres, l’effet de serre, … Ce qui est particulièrement neuf, c’est que cette responsabilité s’étend dans le temps par delà sa propre génération et que s’il ne fait pas attention l'homme peut mettre radicalement en danger l’avenir de son espèce pour des générations voire l’anéantir.
Cette nouveauté nous renvoie, par exemple pour l’effet de serre, l’image d’une responsabilité collective qui s’exprime par une multitude de micro-choix individuels : réglage du taux de pollution de sa voiture, choix du mode de circulation, du mode de chauffage de sa maison, de produits utilisant des gaz compressés comme les CFC ou autres … autant de choix individuels peu signifiants à court terme mais dont les conséquences prises collectivement et à long terme peuvent être considérables pour les générations à venir. Cette nouvelle perception du monde laisse entrevoir qu’à certains égards notre responsabilité est illimitée.
V. Conclusion générale du dossier sur la conscience
Ce parcours sur la conscience a montré à quel point la conscience morale était un don de Dieu fait à tout homme. Dimension structurante de son humanité elle s’inscrit au fond du cœur de chacun comme une loi qui l’invite à aimer et poursuivre le bien et à s’éloigner du mal. Guide sûr pour peu qu’elle se laisse éclairer par la Parole de Dieu et la sagesse des hommes, la conscience n’a de cesse d’élargir et d’universaliser sa connaissance du bien. C’est ainsi qu’elle porte aussi son intérêt sur tous les hommes et même sur ceux qui viendront dans les siècles futurs.
L’expérience nous rappelle cependant qu’il ne suffit pas d’avoir perçu où était le bien pour l’accomplir. Malgré tous nos efforts de discernements, il nous arrive de faillir dans notre responsabilité. Les sages nous rappellent alors que « la durée est indissociable de la vertu et que le progrès moral réclame de tous et de chacun la persévérance, la reprise méthodique, l’orientation patiente vers un but et une fin voulue. »9 C'est à l'intérieur de ce cadre qu'intervient la notion de « loi de gradualité ».
Cette loi rappelle que la conscience morale n’est pas un "oracle" mais un "organe" et qu’elle est donc susceptible de croissance. « La gradualité qualifie l’attitude d’un "être-en-chemin" tant au niveau de la pratique que de la connaissance ». Cependant, le principe de gradualité n'annule pas l’obligation de chercher activement ce que l’on croit être bien et de faire effort pour éviter ce que l’on croit être mal. Il n’y a pas d’étapes de croissance dont on pourrait se satisfaire en disant comme le pharisien « Je jeûne, je prie, je fais l’aumône, comme je suis bien ». Souvenons-nous, seul le publicain qui implorait la miséricorde de Dieu est rentré chez lui justifié. Dit autrement, lorsqu’on a perçu la grandeur de l’appel de Dieu à mener une vie bonne, il faut avoir le courage de se mettre en route même si d’expérience on sait qu’on n’est pas encore capable de parcourir toute la route. Nous sommes invités à faire confiance à la grâce de Dieu, à nous rendre disponible à l’Esprit Saint et à ne pas craindre les difficultés ni les échecs. Dieu connaît bien celui ou celle qu’il appelle :
« Il lui dit pour la troisième fois : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu comme tu peux ? " Pierre fut peiné de ce qu'il lui eût dit pour la troisième fois : " M'aimes-tu comme tu peux ? ", et il lui dit : " Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime comme je peux. " Jésus lui dit : " Pais mes brebis. »10 Jn 21, 17.
© Bruno Feillet 09/07/2010
Notes de lecture
1. Pour approfondir le domaine de la conscience psychologique, le lecteur pourrait commencer par lire de Henri EY, l’article Conscience, Encyclopaedia Universalis, 1989.
2. In Xavier THEVENOT, Compter sur Dieu, Magistère et discernement éthique, Paris, Cerf, 1993, p.86. Voir aussi Jean-Yves CALVEZ, " Les documents pontificaux : dans quelle attitude les aborder ", in Prêtres diocésains, Mars-Avril 1987, p. 282-290.
3. Ibid p. 89.
4. Herméneutiques, c'est-à-dire d'interprétation.
5. C'est nous qui découpons.
6.Mi 6, 8 dans sa traduction liturgique.
7. G. GUEST, « Crise », in Dictionnaire des notions philosophiques, Paris, PUF, p. 509.
8. Et non pas des serviteurs « inutiles ». Traduction corrigée par Pierre Houzet
9. Mgr Pierre EYT, La "loi de gradualité" et la formation des consciences, Documents Episcopat, N°17, 1991.
10. Traduction B. F. Pour distinguer agapein de philein j’ai traduit philein par "aimer comme on peut".