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LAÏCITÉ La laïcité est liée à la séparation de l’Église et de l’État ; elle a permis de penser, ce qui n’est pas peu, une compatibilité de religions différentes et même opposées dans le même État, ainsi que l’autonomie des fonctions de l’État, en particulier en matière d’éducation, par rapport aux engagements confessionnels. Force est cependant de constater qu’il y a aujourd’hui des résistances fortes au principe de laïcité au sein même des sociétés démocratiques.

Yves Charles Zarka (« La démocratie et le besoin indifférencié de religion ») in Cités n°12/2002 (éditorial)
 

LARMES La plupart des pères affirment que la question des larmes, surtout chez les commençants, est une chose obscure et difficile à trancher. En effet, les larmes naissent de causes multiples et diverses : elles peuvent venir, par exemple, de la nature, de Dieu, d’une tribulation néfaste, ou louable, de la vaine gloire, de la luxure, de la charité, de la pensée de la mort, et de bien d’autres motifs encore. Ayant examiné, à la lumière de la crainte de Dieu, toutes ces différentes sortes de larmes, procurons-nous, pour notre part, ces larmes pures et sincères qu’engendre la pensée de notre dissolution. Car il n’y a en elles ni contentement de soi ni illusion, mais au contraire purification, progrès dans l’amour de Dieu, ablution des péchés et impassibilité.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

LARMES Les larmes sensuelles sont émotionnelles, les larmes spirituelles « ascétiques ». Les premières sont généralement liées aux passions, les fruits de la colère, de la frustration, de l’envie, de l’apitoiement sur soi-même, ou simplement de l’excitation nerveuse. Les secondes, comme leur nom l’indique, sont non pas le résultat de nos propres efforts, mais un don de la divine grâce de l’Esprit saint ; elles sont donc étroitement liées à notre prière. Les larmes sensuelles expriment notre tristesse, terrestre, de vivre comme nous le faisons dans un monde déchu et corrompu, en marche constante vers la mort. Les larmes spirituelles nous amènent à la vie nouvelle de la résurrection.

Kallistos Ware (« Le Royaume Intérieur »)
 

LIBÉRATION Si l’on a, vis-à-vis de soi-même, l’attitude du chercheur scientifique, c’est-à-dire une intense soif de vérité, il est possible de regarder, de voir, d’accepter les crachats purulents et les rats cancéreux qui grouillent en nous et à qui notre propre censure interdit de se montrer tels qu’ils sont : haine, agressivité, honte, bizarreries sexuelles, lâcheté, mesquinerie, contradictions, enfantillages, terreur, désespoir. Dans la connaissance complète et parfaite de nous-même réside le secret de la libération.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)
 

LIBÉRER Dieu nous libère de l’inquiétude, du jugement des autres, de leurs attentes et de leurs attaques.

Dom Anselm Grün, o.s.b. (« Invitation à la Sérénité du Cœur »)
 

LIBERTÉ J’étais libre. Je n’avais pas besoin de chercher à expliquer mes actes. Et cette liberté m’emmenait jusqu’au ciel – où un plus grand amour, qui pardonne tout et jamais ne se sent délaissé, accueillait mon retour.

Paulo Coelho (« Sur le Bord de la Rivière Piedra… »)
 

LIBERTÉ Perdre ses conceptions étroites, ses attaches à la surface des choses, se départir de ses illusions, même les plus agréables, d'agrégats psychiques que l'on croyait constitutifs de soi-même... Tel est le prix de la liberté de l'âme.

Eric Geoffroy (« L’Instant Soufi »)
 

LIBERTÉ La vie nous enseigne deux sortes de libertés. La première est une liberté qui se prend, liberté quotidienne d’aller et de venir, de dire ou de se taire, selon notre désir du moment, mais aussi liberté prise sur les chaînes et sur les cachots. Car nous ne pouvons nous croire libres aussi longtemps que nous dépendons d’une volonté qui nous contraint.

La seconde est une liberté qui s’apprend, une liberté intérieure, celle de l’esprit et celle du cœur. Car nous sommes aussi assujettis à notre semblable lorsque nous ne pouvons nous passer ni de son amour, ni de son estime, et que nous guettons en lui des idées qui sont nos idées, des valeurs qui sont nos valeurs, des espérances dont nous vivons.

Louis Sahuc (« La Grâce d’Ecouter »)
 

LIBERTÉ

Tous, nous nous tourmentons sur terre et cherchons la liberté ; mais il y en a peu qui savent en quoi consiste la liberté et où elle se trouve.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

LIBERTÉ La vraie liberté, que les Hindous désignent comme moksha, n’est pas conditionnée par des frontières et des limitations. Elle implique l’égalité d’âme et l’amour envers tous. L’immortalité et la béatitude sont pour celui qui a atteint cet état bienheureux.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)
 

LIBRE Kant dit que la sagesse insondable est aussi digne d’admiration en ce qu’elle nous donne qu’en ce qu’elle nous refuse. En effet, si elle se tenait toujours sous nos yeux dans sa pleine majesté, si elle parlait dans le monde un langage univoque avec une autorité évidente et incontestable, nous ne serions que les marionnettes de sa volonté. Or, elle nous a voulus libres.

Karl Jaspers (« Introduction à la Philosophie »)
 

LIBRE (HOMME) Je me demande s’il y a, au monde, vingt hommes vivants qui voient les choses telles qu’elles sont réellement. C’est-à-dire vingt hommes libres, qui ne soient pas dominés ou même influencés par leur attachement à une chose créée, à leur moi, à un don de Dieu, ou même à la plus élevée, à la plus pure de Ses grâces. Je ne crois pas qu’il y ait vingt hommes de ce genre au monde. Mais il y en a peut-être un ou deux. Ce sont eux qui maintiennent l’univers et l’empêchent de s’effondrer.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)
 

LIBRE-ARBITRE Le libre arbitre est la volonté d'une âme douée de raison qui se porte de son propre mouvement vers ce qu'elle veut. Déterminons-la à ne se porter que vers le bien, afin de détruire sans cesse, par les bonnes pensées, le souvenir du mal.

Diadoque de Photicé (« La Perfection Spirituelle »)
 

LIEN Le Christ peut, au nom de sa charité et de sa vérité, exiger que je maintienne ou que je rompe tel lien qui m’unit à d’autres. Dans les deux cas je dois obéir, en dépit de toutes les protestations de mon cœur.

Dietrich Bonhoeffer (« De la Vie Communautaire »)
 

LOGOMACHIE Que des hommes privés du sens de l'Absolu utilisent les symboles, dissertent à leur sujet, il s'agit alors de logomachie. De la même manière qu'un théologien peut être athée et s'exprimer sur Dieu. Dans l'un et l'autre cas, le langage n'est que bavardage, il ne devient jamais verbe créateur. Il n'est point le résultat d'un dialogue dans lequel l'existence se trouve engagée ; c'est pourquoi il ne saurait convaincre. La difficulté étant que nous nous exprimons à propos de tout sans savoir pour autant ce dont nous parlons.

Marie-Magdeleine Davy (« Initiation à la Symbolique Romane »)
 

LOGOS Peut-être, en effet, la philosophie a-t-elle pour rôle moins de tranquilliser les consciences que de provoquer au départ tous ceux pour qui le logos n'est pas lettre morte, mais vérité à conquérir, voie à frayer, vie à délivrer.

Jean Beauffret (« Introduction aux philosophies de l'existence »)
 

LOI Vivre conformément aux archétypes revenait à respecter la « loi », puisque la loi n’était qu’une hiérophanie primordiale, la révélation in illo tempore des normes de l’existence, faite par une divinité ou un être mythique. Et, si par la répétition des gestes paradigmatiques et par le moyen des cérémonies périodiques, l’homme archaïque réussissait […] à annuler le temps, il n’en vivait pas moins en concordance avec les rythmes cosmiques ; nous pourrions même dire qu’il s’intégrait à ces rythmes (rappelons seulement combien sont « réels » pour lui le jour et la nuit, les saisons, les cycles lunaires, les solstices, etc.)

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

LOI La Loi est une règle de vie et non une règle sociale, développée dans un livre qui n’est pas un code mais une histoire et pas simplement une histoire, mais une histoire sacrée. Au-delà du plan horizontal des événements matériels de la vie humaine, il existe un plan vertical d’événements spirituels reliant l’humanité à un ordre supérieur. Ce plan supérieur se révèle aux hommes, pour peu que ceux-ci apprennent à déchiffrer les messages qui viennent d’en haut tout au long de la vie. Se régler sur ce plan supérieur en ouvrant l’œil secret que tout homme possède dans son cœur, tel est le sens de la Loi.

Bertrand Vergely (« Les Philosophes du Moyen-Âge et de la Renaissance »)

LOI/GRÂCE Nous voyons donc que Moïse n’a pas seulement donné ces lois, et tant d’autres, pour éviter que quiconque ait à se choisir un moyen personnel de faire le bien et de bien vivre […] Il l’a fait bien davantage pour que les péchés se multiplient et s’amoncellent à l’excès jusqu’à en alourdir la conscience : en sorte que l’aveuglement entêté soit forcé de se reconnaître lui-même et de ressentir son incapacité au bien et son néant, et que la Loi l’oblige et le pousse à chercher quelque chose de plus que la Loi et ses capacités propres, à savoir la grâce de Dieu promise en le Christ futur.

Martin Luther (« De la Liberté du Chrétien »)
 

LOUANGES Un esprit élevé supporte courageusement et joyeusement l’injure ; mais il faut être un saint et un bienheureux pour passer sans dommage à travers les louanges.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

LOUANGES Je ne comptais pas venir au Carmel pour recevoir des louanges, aussi après le parloir, je ne cessai de répéter au Bon Dieu que c’était pour Lui tout seul que je voulais être carmélite.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

LUCIFER Dieu a consigné dans le premier ange la beauté toute entière des œuvres de sa puissance ; il l’a orné comme le ciel étoilé des étoiles et de la beauté de sa viridité, de toutes sortes de pierres étincelantes. Il lui a conféré le nom de Lucifer, car Lucifer a porté la lumière de celui qui seul est éternel. C’est que j’ai montré mes œuvres en trois régions, à l’orient, au midi et à l’occident. J’ai laissé vide la quatrième région, celle du septentrion : ni le soleil ni la lune n’y brillent. C’est dans cette zone distincte du firmament que se trouve l’enfer sans toit ni fond, c’est là que sont les ténèbres […] Mais quand l’ange s’aperçut que tout son ornement devait se placer au service de Dieu, il repoussa cet amour, et il aspira aux ténèbres, se disant à part lui : « Qu’il serait glorieux pour moi d’œuvrer de ma propre initiative, d’accomplir les œuvres que je vois Dieu accomplir ! » Tous ses compagnons acquiescèrent et dirent : « Plaçons notre trône au nord en face du Très-Haut ! ».

Hildegarde de Bingen (« Le Livre des Œuvres Divines »)
 

LUMIÈRE Le Christ est né dans la nuit, lumière dans les ténèbres, et au moment de sa mort et de ses souffrances sur la croix, le soleil s’est obscurci ; mais c’est de bon matin, le jour de Pâques, qu’il est sorti vainqueur du tombeau.

Dietrich Bonhoeffer (« De la Vie Communautaire »)
 

LUMIÈRE Dans l’expérience mystique, l’œil intérieur de l’âme ne voit que lumière.

Pierre Hadot (« Plotin ou la Simplicité du Regard »)
 

LUMIÈRE La Divine Théia mit au monde Hèlios, le grand Soleil, la Lune brillante, Sélènè, et Èôs, l’Aurore, qui dispense la lumière à tous les êtres de la terre comme aux dieux immortels maîtres du vaste ciel. Elle les mit au monde domptée par Hypérion Qui-parcourt-les Hauteurs, de bonne entente avec lui.

Hésiode (« Théogonie »)
 

LUMIÈRE C’est grâce à la lumière que nous observons le monde. Cette lumière ne se propage pas instantanément. Dans certains cas, elle met des millions voire des milliards d’années à nous arriver. Ce fait va profondément influencer notre vision du monde. Il nous rendra l’image du passé.

Nous savons aujourd’hui que, comme le son, la lumière se propage à une vitesse bien déterminée. En 1675, étudiant le mouvement des satellites de Jupiter, l’astronome danois Römer a mis en évidence certains comportements bizarres. Ces comportements s’expliquent si on admet que la lumière met quelques dizaines de minutes à nous arriver de Jupiter. Cela équivaut à une vitesse d’environ trois cent mille kilomètres par seconde, un million de fois plus vite que le son dans l’air. Il faut bien reconnaître que, par rapport aux dimensions dont nous parlons maintenant, cette vitesse est plutôt faible. A l’échelle astronomique, la lumière progresse à pas de tortue. Les nouvelles qu’elle nous apporte ne sont plus fraîches du tout !
Pour nous, c’est plutôt un avantage. Nous avons trouvé la machine à remonter le temps ! En regardant « loin », nous regardons « tôt ». La nébuleuse d’Orion nous apparaît telle qu’elle était à la fin de l’Empire romain, et la galaxie d’Andromède telle quelle était au moment de l’apparition des premiers hommes, il y a deux millions d’années.

Hubert Reeves (« Patience dans l’Azur », l’Evolution Cosmique)
 

LUMIÈRE Dieu se manifeste dans la Lumière et comme Lumière.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)
 

LUMIÈRE INCRÉÉE La Lumière incréée, comme le soleil, éclaire le monde spirituel et permet de voir les invisibles voies spirituelles.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)
 

LUMIÈRE INCRÉÉE Le noûs reçoit la Lumière incréée. En même temps, il est purifié. Il n'est pas la lumière, il reçoit la lumière divine.

Eugraph Kovalevsky (« La Quête de l'Esprit »)
 

LUNE […] si la lune sert en fait à « mesurer » le temps (dans les langues indo-européennes, la majorité des termes désignant le mois et la lune dérivent de la racine me-, qui a donné en latin aussi bien mensis que metior, « mesurer »), si ses phases révèlent – longtemps avant l’année solaire et d’une manière beaucoup plus concrète – une unité de temps (le mois), elle révèle en même temps l’ « éternel retour ».

Les phases de la lune – apparition, croissance, décroissance, disparition suivie de réapparition au bout de trois nuits de ténèbres – ont joué un rôle immense dans l’élaboration des conceptions cycliques. Nous trouvons surtout des conceptions analogues dans les apocalypses et les anthropogonies archaïques ; le déluge ou l’inondation met fin à une humanité épuisée et pécheresse, et une nouvelle humanité régénérée prend naissance, habituellement d’un « ancêtre » mythique, sauvé de la catastrophe, ou d’un animal lunaire.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

LUTTE Si chaque personne-hypostase humaine, créée à l'image des Hypostases divines absolues, est capable de contenir en elle la plénitude de l'existence humaine, comme chaque Hypostase divine est porteuse de toute la plénitude de l'Être divin - et c'est là le sens profond du second commandement - alors chacun de nous entreprendra la lutte contre le mal, contre le mal cosmique, en commençant par soi-même.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)
 

LUTTER Ma vie s’écoulait tranquille et heureuse, l’affection dont j’étais entourée aux Buissonnets me faisait pour ainsi dire grandir, mais j’étais sans doute assez grande pour commencer à lutter, pour commencer à connaître le monde et les misères dont il est rempli…

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

LYCÉENS Je viens de vivre dix années dans un pays de révoltes et de chansons, d’indignation et d’espoir, de dérision et de poésie, de gravité et de fête : la planète des lycéens.

Sur un pupitre de classe, un lycéen a gravé : « Dieu est mort, signé Nietzsche. » Un autre a ajouté : « Nietzsche est mort, signé Dieu. »

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)