Homosexualités : Tout n'est pas possible
Paroisse de st Eloi en Pévèle. 10 juillet 2004
Dans le débat actuel qui porte sur les différentes demandes des personnes homosexuelles, il me semble que l’on ne peut se taire. Voici quelques repères simples qui expriment le point de vue de l’Eglise catholique sur ce sujet. J’évoquerai tout d’abord la dignité de tout homme. Ensuite, seront abordées successivement les questions liées aux demandes de mariage entre personne homosexuelles et les questions portant sur l’adoption d’enfants par des personnes homosexuelles.
En premier lieu, il faut absolument se dire que tout homme, chaque homme et chaque femme, possède une dignité inaltérable et inaliénable simplement parce qu’il appartient au genre humain. La dignité de chacun ne dépend pas de son nombre de chromosome, du fait que son patrimoine génétique est altéré ou pas, de son orientation sexuelle – qu’elle soit hétérosexuelle ou homosexuelle – ou encore du nombre de rides que le grand âge a déposé sur son visage. La dignité d’une personne tient à son être profond et ne dépend pas de ce qu’il fait ou ne fait pas.
Ensuite, les chrétiens se souviennent que tout homme est créé à l’image de Dieu. Cela suffit à justifier la dignité de tous. De plus, nous nous souvenons que Jésus-Christ est mort pour tous et pour chacun. Chacun de nous possède ainsi la valeur du Christ.
De ce point de vue, le plus grand des criminels a la même dignité que le plus grand des saints.
Première conclusion, toute discrimination, tout dénigrement, toute moquerie, toute violence faite à qui que ce soit pour ce qu’il est, ce qu’il a ou n’a pas, est indigne et inadmissible. La lutte contre l’homophobie se joue là.
Ceci dit, ce n’est pas parce que une personne est digne que tout ce qu’elle fait est digne ou bon. Nous le savons tous.
Ainsi, il faut avoir le courage tranquille de dire qu’une relation homosexuelle est moins humanisante que la relation hétérosexuelle. Cette affirmation repose autant sur des arguments anthropologiques (sciences de l’homme) que des arguments théologiques (propres à la foi chrétienne).
Ainsi, il faut refuser fermement l’équivalence entre homosexualité et hétérosexualité. Dans la relation hétérosexuelle, le partenaire est de l’autre sexe. Il est d’un sexe différent du mien et quelque part, cette différence tranche sur toutes les différences. Cette différence oblige le partenaire à sortir de lui-même pour faire l’effort de comprendre l’autre personne qui, en définitive, toujours échappera à une compréhension totalisante. Cette différence est irréductible, elle ne pourra jamais être comblée. Elle nous aide à sortir de notre narcissisme latent, de notre égoïsme. C’est pourquoi, nous disons que la relation hétérosexuelle est vraiment plus humanisante et plus structurante que la relation homosexuelle.
La relation homosexuelle, quant à elle, est structurellement beaucoup plus narcissique. La stérilité de cette relation engendre aussi des angoisses de mort dont on ne peut dire que ce soit une bonne chose pour les personnes.
Du point de vue théologique, la seule relation humaine qui porte l’image de Dieu, c’est le couple hétérosexuelle. En effet, « homme et femme » il les créa, dit l’Ecriture. Et plus loin, on lit : « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils ne feront plus qu’une seule chair ». L’alliance conjugale est clairement hétérosexuelle. Et c’est la seule qui permette la reproduction humaine.
Regardons maintenant les choses d’un peu plus haut. S’il est clair pour les scientifiques que le modèle conjugal d’un homme et d’une femme pour toute la vie, n’est pas l’unique modèle que l’on trouve dans l’histoire de l’humanité, il est non moins sûr que jamais une société n’a vécu sans un modèle fort pour gérer les alliances humaines et la filiation entre les hommes. L’enjeu de l’organisation de la vie sexuelle est double : éviter la violence qui détruirait la société ; permettre à chacun de se repérer par rapport aux autres (père, fils, cousin, tante, nièce, fille, …). La grande nouveauté dans notre société occidentale est que pour la première fois nous avons instauré ou nous voulons instaurer plusieurs modes de vie conjugaux en même temps au risque majeur que nous perdions nos repères et que la société toute entière se déstructure.
Il ne faut jamais oublier que derrière toute loi, se trouve à la fois un aspect normatif et un autre aspect moral. La loi donne l’adjectif législatif mais elle a aussi une dimension légitimante. Accorder la possibilité de se marier aux personnes homosexuelle c’est automatiquement dire aux jeunes de notre société que cette relation est équivalente à la relation hétérosexuelle. Or à l’âge adolescent 15% des jeunes se disent indéterminés quant à cette question. Si on ne les aide pas par des repères clairs, ils ne pourront mûrir et grandir sainement.
Je sais bien que les personnes ont un désir exacerbé de reconnaissance. Mais il faut avoir le courage de dire que cette reconnaissance ne peut venir par le chemin de la loi.
En revanche, je pense que la société française comme toutes les autres d’ailleurs peut tolérer, au sens fort du mot, des comportements atypiques sans pour autant leur donner le cadre de la loi.
Autrement dit, dans le débat qui porte sur le mariage des personnes homosexuelles, il faut bien entendre que n’est pas seulement en jeu les liens affectifs et privés que se vouent deux personnes du même sexe, mais qu’il en va aussi de la force symbolique et morale de l’organisation de la société.
C’est pourquoi, l’Église catholique refusera fermement le mariage des personnes homosexuelles.
En ce qui concerne l’adoption d’enfants par des personnes homosexuelles, le débat se complexifie.
L’Église catholique comprend tout à fait le désir de ces personnes d’avoir un ou des enfants et de les élever. Seulement pour légitime que soit un tel désir, il ne peut être honorer. Et il ne suffit pas de dire que deux personnes homosexuelles s’aiment pour dire que c’est possible.
En effet, un enfant, pour grandir et se connaître comme garçon ou fille, comme futur homme ou future femme, doit pouvoir s’identifier à l’un de ses parents mais aussi se distinguer de l’autre. « Ainsi dit-il, je serai comme papa et non comme maman ».
Je me souviens d’un débat télévisé où le président de l’association des parents gays et lesbiens militait pour l’adoption. Lui-même avait été marié et avait eu une petite fille. Quelques années après il divorçait de sa femme pour aller vivre avec un homme et il s’étonnait du rejet de son choix par sa fille. Il ne comprenait pas en fait que quittant une femme pour un homme il envoyait un message très clair à sa fille comme quoi sa féminité n’était pas intéressante. Le choix de rejoindre un homme et non une autre femme était vécu par sa fille comme un déni de sa féminité et de son statut de future femme. Il ne suffit donc pas qu’un enfant soit aimé, il faut encore qu’il ait en face de lui un modèle conjugal qui l’aide à grandir. Le priver d’emblée de la confrontation à l’hétérosexualité, c’est en fait ne pas l’aimer vraiment.
Enfin, dans ce débat, où l’affectif et l’électoralisme l’emportent trop souvent sur le raisonnable, il faut considérer que la plupart de ceux qui plaident pour l’adoption sont des personnes qui ont acquis leur équilibre psychoaffectif dans une famille avec un père et une mère. Et du haut de leur équilibre, ils demandent que des enfants soient privés de cette chance. C’est un véritable scandale et c’est d’une malhonnêteté intellectuelle grave.
Pour conclure, vous aurez compris que l’Église s’oppose clairement et au mariage homosexuel et à l’adoption d’enfants par ces personnes. Et cette opposition philosophique et anthropologique, ce n’est pas de l’homophobie.
C’est simplement le courage de la vérité. Et cette vérité rendra libres aussi les personnes homosexuelles. Les souffrances de reconnaissance et de fécondité qui sont les leurs doivent être entendues, accompagnées, respectées mais certainement pas résolues par le mariage et l’adoption.
Ce sera l’honneur de l’Église de trouver ces nouveaux chemins.
© Père Bruno Feillet. 10 juillet 2004.